Les écrins, ce 25 juin 2014, un peu orageux...
Préambule...
Avant d'inventer l'alpinisme, Edwards Whymper était graveur, dessinateur et aquarelliste. C'est d'ailleurs pour dessiner les montagnes pour le compte de la société de géographie de Londres qu'il fit ses premiers séjours ne montagne. Une raison de plus pour moi de lui rendre hommage par le présent récit.
C’est le 25 juin 1864 que le sommet de la Barre des Ecrins fut atteint pour la première fois par W. Moore, Horace Walker, Edwards Whymper accompagnés par les guides Christian Almer et Michel Croz. Du beau monde ! Ils ont laissés leurs noms sur nombre de sommets et d’itinéraires prestigieux des Alpes, mais aussi de la Cordillère des Andes : Edward Whymper ayant réalisé là bas en 1880 la première (et la seconde !) ascension du Volcan Chimborazo, 6268 m au dessus du niveau de la mer, à proximité de l’équateur. Du fait du « renflement équatorial » mesuré par l’expédition du Français « La Condamine » en 1735/45, le Chimborazo est la montagne qui est réellement la plus haute de la terre si on la mesure par avec le seul repère objectif : le centre de la terre, bien que le mont Everest lui ait « volé » ce qualificatif à la suite d’une sombre magouille géodésique !
Le Chimborazo, je n'ai pas en magasin, je vous propose à la place le superbe cône du volcan Cotopaxi, son voisin (5900 m) tel qu'on peut le voir en ayant décollé du guagua Pinchita au dessus de Quito
La Barre des Ecrins, c’est une vague de glace immobilisée en plein ciel des Alpes du sud à 4102m, point culminant de celles-ci…. C’était aussi celui du royaume de France, après que celui-ci ait racheté en 1339 la province du Dauphiné à Humbert II seigneur de Beauvoir en Royans (et par conséquent suzerain du club Vercors Envol), à court d’argent à la suite de ses frasques, et avant que n’ait été acquise en 1792 la Savoie et le Mont Blanc qui va avec.
Excellentes opérations certes, mais il nous reste à réaliser la dernière : obtenir de la Russie qu’elle nous cède le territoire de Kabardino-Balkarie avec le Mont Elbrouz 5642 m, et enfin on pourra réellement dire que le plus haut sommet d’Europe se situe en France…. (Ce qui risque de demander quand même encore pas mal d’efforts à nos diplomates…).
La cour du Château de Humbert II à Beauvoir en Royans est bien un terrain d'atterrissage pour le club Vercors Envol..
Je m’égare un peu, revenons à notre anniversaire. Pour célébrer cette première, un certain nombre de manifestations seront organisées, et nos amis du club Vercors Envol organisent le 25 juin 2014 l’ascension du Dôme, et le décollage de celui-ci. Bien évidemment je me suis associé à ce projet.
La grande statue du grand Edwards à l'entrée de la Vallouise, il contemple le Pelvoux qu'il va gravir, ce qui lui permettra de découvrir qu'il y a derrière une montagne encore plus haute: la Barre des Ecrins
Le Dôme des Ecrins culmine à 4015 m exactement. Il est par conséquent (à marée haute !) un des 4000 le plus bas des Alpes, mais il est également considéré comme le 4000 le plus facile. Du fait de cette conjonction, est-il possible pour les Dauphinois que nous sommes tous, d’obtenir à meilleur compte la prestigieuse distinction qui est annoncée sur les panneaux d’information au pied de la monumentale statue d’Edward Whymper découvrant la vallée de la Vallouise à l’entrée de celle-ci ? Cela vaut bien l’effort de se risquer dans cette aventure !
Le mardi 24, ayant échappé à l’orage de l’après midi, nous nous sommes retrouvés à 13 au refuge des Ecrins (anciennement refuge Caron). C’était la fête d’Edwards, le refuge était bien rempli, nombre d’anglais étaient venu fêter leur compatriote, l’apéro était offert ainsi que la nuitée, télévision, discours de célébration…
Le flanc est de la Barre, à droite le glacier Blanc et Roche Faurio
Pendant ce temps là une cordée « historique » de guides suivait le parcours de l’ascension initiale : départ de la Grave, montée par les Enfetchore, traversée de la brèche de la Meije, bivouac cette même nuit en haut de glacier de Bonnepierre, pour faire l’ascension demain.
Vue depuis les pentes des Ecrins: le col des Ecrins d'où débouchèrent le 25 juin 1864 Edwards et ses compagnons aprés leur Bivouac en haut du Glacier de Bonnepierre avant d'attaquer l'ascension de la Barre. A droite Roche Faurio d'où nous décollerons ce mercredi 25 juin 2014 150 ans plus tard.
Pour nous le projet était de décoller du Dôme en parapente pour nous poser au pré de Madame Carle. Mais ce projet nécessite un vent faible d’orientation nord, alors que la météo annonçait une tendance sud. De ce fait, nous avions un « plan B » : Gravir le sommet d’en face : Roche Faurio (3770) dont l’axe de décollage serait à priori mieux orienté. Dans notre Groupe, le jeune Mathias, un vrai Briançonnais, maintint le projet initial de gravir le Dôme, quitte à nous rejoindre à Roche Faurio si de là haut cela ne pouvait pas décoller.
Le temps de ce mercredi d’anniversaire fut à peu prés conforme à la prévision : très nuageux, risque orageux de pluies, par contre absence totale de vent. Ce que nous n’avions pas anticipé, c’est la mauvaise qualité du regel nocturne, qui a rendu problématique les courses d’envol dans une neige trop molle, nous n’aurons pas tous réussi à décoller, et le brouillard qui montait de la vallée à la rencontre des nuages à empêchés certains d’entre nous qui avaient réussi à décoller à se poser au pré de madame Carle, ils ont du se poser sur le glacier avant la chute de celui-ci…
Mathias quant à lui à réussi à décoller du Dôme, pas de doute, lui il fait désormais lui aussi partie du « Gratin Dauphinois » !
Ce fut une belle aventure, surtout pour ceux qui ont pu voler !
Quelle sera la prochaine?
Sans doute le Pic Coolidge.
Le Pic Coolidge tel que nous l'avons vu avec Michel et Bruno l'été dernier depuis le col Ouest du Pelvoux
Pierre Do Bayart
Juin 2014.